Dans une ère où la technologie prend de plus en plus de place dans nos vies personnelles et professionnelles, il vous est sans doute souvent arrivé de vous sentir dépassé par la rapidité à laquelle les choses pouvaient évoluer. Personnellement, j’ai toujours gravité dans le domaine des médias et des communications, et lorsqu’on travaille dans ce milieu, il faut faire preuve d’une excellente capacité d’adaptation pour pouvoir faire face, entre autres, aux changements technologiques. Avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, plusieurs, dont moi, se méfient des impacts qu’auront ces technologies sur les carrières des gens, à long terme.
Lors de ma dernière expérience de travail, j’ai croisé un collègue, fier représentant de la génération Z, qui me confiait se servir souvent de Chat GPT dans sa vie quotidienne ainsi que pour accélérer les choses lorsqu’il voulait accomplir certaines tâches au bureau. J’étais très impressionnée de le voir manier cet outil que je connaissais pour ma part très peu. Il était l’homme qui murmurait à l’oreille de l’intelligence artificielle et elle lui répondait avec clarté, même si ce n’était pas nécessairement parfait. Cette maîtrise de l’IA lui avait pris plusieurs heures de pratique, selon ce qu’il m’avait confié, mais c’était devenu pour lui un indispensable dans sa boîte à outils. Pour ma part, étant un peu plus vieille que lui et ayant un grand respect pour les méthodes de travail traditionnelles, ma relation avec Chat GPT se résumait au stade de curiosité et observation. C’est pourquoi je peux vous assurer que cet article a été rédigé entièrement avec mes propres idées et mes dix doigts sur un clavier d’ordinateur portable tout ce qu’il y a de plus standard.
Au-delà du débat entourant l’intelligence artificielle, la technologie permet maintenant à toute une communauté de gens vivant avec un handicap d’intégrer le marché de l’emploi. Afin d’en apprendre plus sur l’impact des technologies sur la carrière des personnes handicapées, je me suis entretenue avec mon amie Mélanie Paradis-Rioux, qui m’a expliqué comment la technologie l’a amenée à se réaliser dans le milieu professionnel.
Mélanie, âgée de 41 ans et résidente de Thetford-Mines, est atteinte de paralysie spastique congénitale et est également considérée comme malentendante, sa surdité étant diagnostiquée comme variant de moyennement sévère à sévère. Son handicap ne l’a pas empêchée de poursuivre des études comme webmestre au Collège O’Sullivan de Québec et d’œuvrer comme adjointe administrative au sein de l’organisme Ambulance St-Jean depuis maintenant 6 ans.
Pour aider à sa productivité au bureau, Mélanie a eu recours à plusieurs logiciels au fil du temps, comme l’application Relais IP qui lui permet de faire des appels téléphoniques importants avec des clients. « Là-dessus, tu as un intermédiaire qui fait la conversation pour moi et pour la personne et ceci se fait par écrit. », explique-t-elle. Cette application, fournie par la compagnie Vidéotron, est reliée directement à votre compte client. « Tu n’as qu’à te rendre sur le site web de Vidéotron et faire une demande d’inscription et ça te fournit un numéro de téléphone que tu peux utiliser avec Relais IP », précise-t-elle. Comme la technologie a évolué en six ans, elle est heureuse de rapporter que cet outil a été remplacé par le logiciel Microsoft Teams. En plus de pouvoir faire des appels en vidéoconférence et du partage de documents avec ses collègues grâce à cet outil, Mélanie s’est aperçue que ce logiciel lui apportait un support supplémentaire par rapport à son handicap. « Je peux faire des appels avec mes clients et ceux-ci sont transcrits autant pour (ma partie) que pour celle de la personne qui me transmet son message. Je n’ai plus besoin de me forcer pour bien comprendre le client ou de toujours répéter pour avoir les bonnes informations. »
Ces aides technologiques sont pour la plupart fournies par l’employeur. Mélanie a aussi la chance de pouvoir compter sur le soutien de l’organisme SEMO ( Service externe de main d’œuvre), un regroupement implanté un peu partout au Québec, autant pour son intégration en milieu professionnel que pour un soutien financier. « J’ai pu être subventionnée par le gouvernement pour me donner des outils de travail qui m’ont bien aidé dans mon précédent emploi et actuel. Mon agente du SEMO de la région où j’étais avant de déménager a bien expliqué mes problématiques en lien avec mon diagnostic. J’ai eu la chance avec mon emploi précédent d’être bien accueillie dans mes précédentes fonctions. J’occupais le poste d’animatrice en loisirs pour l’association Entre-Amis qui est un organisme qui a pour but de donner du service dans la région pour les personnes en situation d’handicap. » Le personnel du SEMO a donc collaboré pour offrir à Mélanie un emploi qui correspond à ses capacités et une intégration toute en simplicité.
Le seul logiciel qui n’est pas fourni par l’employeur de Mélanie est Antidote, un logiciel qui lui permet de réviser ses textes, tant dans la syntaxe que dans l’orthographe. « Étant malentendante, parfois j’ai tendance à penser que la phrase est bien composée mais ce n’est pas toujours bon. Cela m’aide dans mes correspondances avec mes collègues et mes clients», confie-t-elle. Cela implique pour elle une dépense de 100 $ annuellement.
Selon l’expérience de Mélanie et la mienne, les personnes vivant avec un handicap sont réputées pour être travaillantes et surtout motivées. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle conseillerait aux employeurs pour faciliter l’intégration de leurs employés ayant des limitations physiques ou mentales, elle répond ceci : « Si les employeurs démontrent leur intérêt envers nous, nous serons heureux de travailler pour cette entreprise. L’employeur doit également prendre en note toutes les limitations que nous avons et implanter un plan d’intégration et de sensibilisation à ses employés pour leur expliquer de ce que nous pouvons et ce que nous ne pouvons pas faire plus précisément. »